11-The Pink One

JAMAIS je n’oublierai ce qui s’est passé ce soir là:

C’est un soir de conférence, je suis sur la scène, devant mon chevalet. Imprégnée par l’atmosphère spirituelle puissante qui règne, je vis un moment fort! La musique inspirée me transporte et je ressens les vibrations dans tout mon corps. La présence de Dieu est palpable.

Je viens d’achever la peinture d’un aigle en plein vol au dessus de la tempête et je pourrais en rester là, satisfaite. Mais je me sens portée, je désir poursuivre et peindre encore. Dans un souffle imperceptible, je dis à Dieu que je voudrais peindre avec lui, pour lui, que rien d’autre ne compte en cet instant…!

Puis saisissant une toile vierge, je me lance dans une peinture improvisée comme je ne l’ai jamais fait jusqu’à lors. La couleur dominante est le rose. Sans obligation de résultat, je me sens libre et dégagée. Ma danse colorée sur toile est une offrande à Dieu.

Jusqu’au moment où, ayant terminé, je rejoins ma place assise. De là où je suis, tout en écoutant la suite de la conférence, je peux regarder les différents tableaux créés pendant la première partie. Mes yeux forcément s’arrêtent sur celui que je viens de faire! Et là: consternation ! Comment ai- je pu faire quelque chose d’aussi médiocre dans un moment de pur bonheur?  Une bataille s’engage alors dans mon esprit et je suis assaillie par toutes sortes de pensées négatives. Discrètement, je partage mon ressenti avec ma voisine qui me dit sagement de ne pas m’en faire et d’attendre la fin de la conférence avant de déclarer que cette peinture serait recyclée dès mon retour.

La soirée terminée, je me suis empressée de ranger mon matériel et de nettoyer mes pinceaux. Ce faisant, une femme s’approche de moi et me demande: C’est vous qui avez peint ce tableau? Intriguée, je lui montre celui de l’aigle au dessus de la tempête,  certaine qu’elle parlait de celui là.

« No, no » me dit elle,  » The pink one! »(« Le rose! »nous sommes en Angleterre) Cette fois ci éberluée et totalement incrédule que quelqu’un ai remarqué ce tableau,  je lui réponds l’air étonné:  « THE PINK ONE? Euuuh, yes!  » Et là, tout en contemplant ma peinture, elle m’explique ce qu’elle y voit: des entrailles… une métamorphose… et elle poursuit en me racontant un peu de son histoire, les drames qui l’ont meurtris et pourquoi cette peinture l’a touché au plus profond de son être. Et puis soudain, sans crier gare, la voilà qui tombe à la renverse, visiblement visitée par l’Esprit Saint. Elle reste au sol un long moment comme transporté ailleurs. Je suis abasourdie. Je n’en reviens tout simplement pas. Au bout d’un moment, elle se relève, et nous poursuivons la conversation. Elle se sent vraiment bien.

Il a suffit que cette femme plonge son regard dans mon tableau, celui que je voulais recycler parce qu’à mes yeux il n’était pas réussi et quelque chose d’extraordinaire lui arrive! C’est pour moi une bonne leçon d’humilité. J’ai l’impression de n’y être pour rien du tout. C’est surnaturel!

En fin de compte, ce tableau « mal aimé » est le vecteur d’une guérison intérieure inattendue pour une personne, une seule personne parmi des centaines d’autres.

Dieu, tu es trop fort!

Que dois je comprendre?

Dieu voit bien plus loin que moi lorsqu’il regarde ce que je fais. Il peut utiliser mes oeuvres pour manifester sa bonté indépendamment de mon sens critique.

Ce soir là, je suis convaincue que Dieu peut se servir de mon art si je lui donnes les rennes! Son onction se libère dans l’abandon, dans l’adoration, dans l’expression spontanée de mon coeur.

Ce soir là, je lui ai demandé pardon, d’avoir jugé trop vite, de ne pas avoir eu confiance en LUI.

Quel encouragement puissant j’ai reçu à persévérer dans l’art de la performance in vivo en collaborant avec le Saint Esprit!

Ce soir-là, j’ai compris et expérimenté la portée de l’Art prophétique.

 

 

Ce tableau est exposé dans la maison de prière en Angleterre, fondée par cette femme, pasteure et auteur, dans le but de toucher d’autres vies.